Rp en rapport avec la mémoire : Le début de l'aventure


        Que serait le monde aujourd'hui, si cet homme n'avait jamais existé ?
        J'ai rencontré d'innombrables personnes au cour de mes aventures. Certaines d'entre elles sont devenues de proches amis, d'autres de féroces ennemis, mais peu me marquèrent autant que lui.  Je me souviendrais toujours de cette vague d'adrénaline qui m'a traversé quand, perché sur le mur du temple, je croisais son regard pour la première fois. Ce moment fatidique est, et restera l'un de mes souvenirs les plus intenses.
        Il fait partie de cette rare catégorie de personnes, dont la moindre décision influe sur le sort de populations entières. Seulement, Pacou n'a pas été élu, et ce pouvoir ne lui a pas été donné, ni par les droits du sang, ni par la voix de la populace. C'est un pouvoir qu'il a obtenu de lui-même, et qu'il a arraché de force des mains des dirigeants véreux, au nez et à la barbe de tout Madrigal. Avec une audace stupéfiante, il a plongé au cœur des trois faction pour y assassiner les hérauts, avant de dérober les trois légendaires, et s'en est allé comme il est venu, en toute impunité.  Je me rappelle comme si c'était hier de l'émoi dans lequel nous a mis cette nouvelle mes camarades et moi. Les factions faisaient partie de l'histoire de Madrigal, elles semblaient invulnérables, inaltérables, jamais nous n'aurions pu imaginer qu'une telle chose se produirait.
        La plupart des gens sous-estime la portée de son action, car Pacou n'a pas fait que changer le pouvoir en place non, il a remis en question ce que tout le monde prenait pour acquis, en démolissant cet écran d'invulnérabilité qui protégeait les factions avant ce jour fatidique. Ces événements ont trouvés un écho dans le cœur de chacun des habitants de Madrigal, l'impudence d'un  homme ayant tourné en ridicule les trois gouvernements les plus vieux et puissants du pays. Pour la première fois, le système des factions dans son ensemble a été remis en question, et sa fragilité mis à nu. Je le sais bien car je me suis moi-même réveillé à cet instant précis, en apprenant qu'avec suffisamment de force et de volonté, il était possible de faire plonger la Ligue, Absolution et Equilibrium dans l'oubli. Je suis l'un des rares chanceux né hors des factions, et dont la carte d'identité ne soit pas souillée par le logo de l'une de ces trois organisations. J'ai également grandis auprès des Rangers, des hommes et des femmes qui ont fait le serment d'agir pour le bien de l'humanité dans son ensemble, sans se soucier de nationalités ou de croyances. Je suis heureux de ces deux états de fait, car ils ont contribué à faire de moi ce que je suis aujourd'hui,et m'ont permis d'éviter tout semblant de propagande. Je n'aime pas l'idée qu'un état serve à propager et imposer les croyances des dirigeants au peuple, là n'est pas sa fonction.
         Cependant, je ne pensais pas avoir le choix, je pensais que, tôt ou tard, je serais forcé de plier l'échine et de soutenir l'un des idéaux déformés et brisés du monde propre à l'une des trois factions. A cet instant précis, quand j'ai appris ce qu'avait réalisé Pacou, je me suis pour la première fois demandé si je ne voulais pas plus, si je n'attendais pas autre chose de la vie qu'une existence grise et fade, placée sous la férule d'Equilibrium. Je voulais obtenir mon diplôme M.P.S, puis devenir un Scientifique, mais j'ai jeté  cela à la trappe quand j'ai appris ce que cet homme était parvenu à accomplir. Six pokémons et du cœur au ventre, c'est tout ce dont il a eu besoin pour balayer ses adversaires. Il m'a montré que je n'étais pas obligé de me conformer à un monde créé selon la vision d'une poignée d'homme et de femmes, une vision étriquée, forgée par plusieurs siècles de propagande au sein des factions. Des siècles de conformismes et de stagnation, ponctués par des guerres stériles et sans le moindre résultat ou changement concret. Puis Pacou s'en mêla, et amena une nouvelle ère avec lui, une ère de conflits et de changements.
        Qu'aurait été ma vie si je n'avais pas grandis au milieu de cette ère ? Si je n'en avais pas été l'un des modestes acteurs ? Le simple fait d'y penser me pousse à bénir le jour où, 500 ans plus tôt, cet être fut éjecté du ventre de sa mère. Je bénis ce jour, et je maudis ceux qui ont suivi, même si je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé, des drames qu'il a sûrement traversé. Je n'ai de cesse de me demander quel a été son parcours pour qu'il en vienne à développer ce mépris qu'il a aujourd'hui pour  les humains : prendre une vie ne lui procure pas le moindre remord. Si besoin est, il le fait sans sourciller, la fin justifiant les moyens. Beaucoup le pense fou, mais je ne penses pas que la folie soit le principal moteur de ses actions. Fou, il l'est assurément. Son esprit est brisé, sa vision du monde, déformée… cette longévité et ce pouvoir qui le caractérisent l'ont perverti, et les épreuves qu'il a traversé ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui : un être profondément mauvais, malsain. Malgré tout, l'ayant combattu à maintes reprises au cours de ma vie, chacune de mes confrontations avec cet être m'ont ébranlé, dans mes convictions, et ma vision du monde. Pacou hait l'humanité, il la méprise, de tout son cœur. Pourtant, certaines de ses actions semblent destinées à l'aider. A d'autre moments en revanche, sa seule motivation est d'éliminer un par un, chaque hommes, chaque femmes, et chacun des enfants présent sur le sol de Madrigal. C'est ce paradoxe qui a, je pense, induit la plupart de mes compagnons en erreur : « Pourquoi cherches-tu une logique la-dedans ? » me demandaient-ils, « Il est fou tout simplement, tu ne le vois pas ? Il n'y a rien à comprendre. Il faut le tuer c'est tout, le monde se portera mieux sans lui.»
        Aujourd'hui, repenser à Pacou éveille des sentiments contradictoires en moi. D'un côté, je le respecte en tant qu'adversaire et en tant qu'homme (même s'il n'a d'un humain que l'apparence, et encore). Cette puissance à l'état pur qui le caractérisait, cette volonté implacable qui lui donnait la force et le courage nécessaire d'entreprendre ce que personne d'autre ne peut se vanter d'avoir fait : changer le visage de Madrigal en profondeur, et à jamais. De l'autre je le haïssais pour ce formidable potentiel qu'il avait, et qu'il a gâché. Avec ce pouvoir, il a donné un coup de pied dans la fourmilière c'est vrai, il a bousculé les mentalités, forçant le plus humble citoyen de Madrigal a remettre sa vie en question. Mais cela, Pacou l'a fait dans le chaos et le sang. Je ne peux m'empêcher d'y penser encore et encore, d'imaginer les nombreuses perspectives d'un tel pouvoir entre les mains d'une personne meilleure. Son potentiel était tout simplement extraordinaire. Je déplore cet état de fait : s'il l'avait voulu, si Pacou avait vraiment agit dans le but d'aider les peuples, les choses auraient pu se passer de manières bien différentes. Des milliers de conflits inutiles auraient été évités, des millions de vies auraient été épargnées, mais l'idée du bien commun ne signifie rien pour Pacou.
        Il m'est véritablement impossible  de juger ses actions, car elles ont toutes eu des résultats mitigés. Le bien et le mal sont affaire de perspective dit-on, et  même un meurtrier trouvera toujours de quoi justifier ses actes. Est-ce vrai pour lui ? Quand il agit, je me demande s'il éprouve le besoin de justifier ces actions, s'il se souci même de savoir si ce qu'il fait est bien ou mal. A quoi pensait-il quand il a dérobé Xerneas, Yveltal et Zygarde, et quand il les a redistribués ? Quel était son but, ses intentions ? Y en avait-il même  ? En définitive, je n'arrive pas à me mettre à sa place, à deviner ce qu'il espérait tirer de tout cela. Voulait-il améliorer les choses ? Ou espérait-il simplement le chaos ? Car Pacou aime le chaos, il s'en nourrit, il s'en délecte, il ne trouve  satisfaction qu'en observant ses victimes se dépêtrer dans la marrasse dans laquelle il les a plongé. Peu lui importe au final si ces victimes se trouveront grandies par les épreuves qu'il les aura forcé à traverser, ce n'est pas ce qui l'intéresse.
        Là est la nuance. Pacou n'agit pas pour sauver l'humanité, il cherche à savoir si l'humanité mérite d'être sauvée.
        Trouvera-t-il un jour sa réponse ?