Rp précédent de Mendicant ici Une fois de plus, la réapparition fut brutale. Quand mes pieds touchèrent à nouveau un sol tangible, je parvins par je ne sais quel miracle à rester debout, mais tout juste. Mon corps avaient perdu tout ses repères, et il se rebella en me donnant la pire envie de vomir de toute ma vie. Un geyser de couleur traversait mes yeux, comme si j'était en manque d'oxygène, et m'aveuglait complètement. Je mis un certain temps avant de me remettre de la téléportation, et je dus me servir de la vague silhouette que j'apercevais de mon père pour focaliser mon esprit et cesser de tituber. Peu à peu, l'apparence de ce dernier se révéla à moi au fur et à mesure que ma vue se précisait : un peu plus de la trentaine, assez grand, parfaitement musclé par une vie de services et d'exploits, et un visage marqué de quelques cicatrices. Il portait la veste rouge des Rangers, reconnaissable entre toutes, et son grade était cousu sur l'épaule de son vêtement. Finalement je m’arrêtais sur ses yeux. De couleur marron, ils affichaient en me fixant une expression que je ne parvins jamais à déchiffrer. Un mouvement de son bras reporta mon attention sur ses mains, qui tenaient à présent une pokéball. Relevant les yeux, je vis qu'il me fixait toujours, et je ne pus absolument rien faire quand, jaillissant de sa prison miniature à toute vitesse, l'Arbok de mon père vint me mordre à la gorge.
Titubant en arrière, ma main se porta automatiquement à l'endroit où les crochets à venins du pokémon avaient percés ma peau. L'esprit confus et troublé, je voulus parler à mon père, lui demander le pourquoi du comment, mais tout ce que je parvins à faire fut de m'écrouler sur le sol. Le poison du Arbok, injecté directement dans les vaisseaux sanguins très irrigués de ma gorge commençait déjà à faire effet. Dans une douleur cuisante, toute mes forces m'avaient abandonnés, et je commençais à avoir du mal à respirer.
- C'est la fin du voyage petit Bias, lâcha mon père adoptif.
C'était la première fois de toute ma vie qu'il m'appelait comme ça, qu'il insistait à ce point sur mon nom de famille. Couché à plat ventre, je réussissais tant bien que mal à soulever ma carcasse (qui pesait maintenant une tonne), et à me retourner à nouveau vers mon père. L'homme me regardait calmement, avec des yeux d'une froideur telle que je n'en avais jamais, vu même chez Pacou. Son Alakazam derrière lui sembla concentrer ses esprits, et je sentis les six balls que j'avais sur moi me quitter, et venir léviter devant les yeux du pokémon Psy. Je compris que mes pokémons tentaient en vain de venir à ma rescousse, en voyant les six petites sphères agitées de soubresauts. Malheureusement, la puissante attaque Psyko du Alakazam comprimaient les balls au maximum, et empêchaient mes pokémons d'en sortir.
- Tu as des compagnons loyaux à ce que je vois, déclara-t-il, pensif, en fixant les six sphères. Je dois avouer que tu m'a bluffé sur ce point, tu as démontré une remarquable aisance à gagner leur confiance, les entraîner, et les rendre puissant. Un authentique stratège. Malheureusement...
Il fit signe à son Alakazam, qui se concentra à nouveau. Son immense pouvoir psy propulsa mes pokémons hors de la pièce, vers une fenêtre ouverte. Je ne pus voir jusqu'où elles allèrent, mais je compris que j'avais perdu mes compagnons. Cet homme avait tout prévu.
Un filet de sang continu envahissait ma gorge, qui d'ailleurs lâchait des sifflements de plus en plus strident au fur et à mesure de mes respirations. Je tentais d'appeler à l'aide, mais je ne parvins qu'à déclencher une insoutenable douleur dans ma gorge, et je crachais un flot de sang.
- Ne te fatigue pas à appeler à l'aide, me conseilla le Ranger, cette partie de la caserne est totalement vide : les soldats sont partis en patrouille. Toi et moi, nous avons cette salle grande salle toute entière à notre disposition pour nous expliquer, rajouta-t-il dans un mince sourire contrit.
Il fit signe à son Alakazam de repartir vers Akiro et Minatsue, qui obéit instantanément en se téléportant. Son Arbok retourna quant à lui dans sa pokéball. Puis il commença à avancer dans ma direction.
- Une salle spacieuse, quasiment vide, et joliment éclairée par le soleil matinal. Tu as de la chance quelque part, certaines personnes sont mortes dans des conditions bien plus difficile tu sais ? Tes parents par exemple.
Ces derniers mots piquèrent ma curiosité, mais je compris aisément que, si je ne trouvais pas rapidement un moyen de me sortir de là, j'allais mourir. Le sang battait à mes tempes et emplissait ma gorge, alors que je rassemblais mes forces pour tenter de me relever. Malgré mes difficultés respiratoire, je parvins à me mettre à quatre pattes en rassemblant toute mes forces, dans un mince espoir de pouvoir atteindre la porte et échapper à ce traquenard. Mais le traître qui m'avais servi de père posa sa botte sur ma hanche, et me repoussa au sol d'un négligent coup de pied.
Repoussé jusqu'au mur de la pièce, je roulais une fois avant de percuter ce dernier, ce qui provoqua une nouvelle quinte de toux qui ravagea mes poumons. Le venin du serpent continuait son voyage meurtrier à l'intérieur de mes veines, mimant mes forces, paralysant mes muscles, envahissant mon système respiratoire.
- Tut tut tut, oubli l'idée de te sauver, ça ne fait pas partie de tes options.
J'attrapais l'une des rares chaises présente dans cette grande salle entièrement vide, et tentais de m'en servir pour me relever. Seulement, mes forces m'avaient quasiment toute abandonnée, et je ne parvins qu'à me soulever de quelques centimètre, avant de retomber au sol. Finalement, j'abandonnais toutes idées de m'en sortir vivant. Jetant un coup d’œil à mon père adoptif - qui s'était arrêté à deux mètres de moi - j'allais lentement chercher le morceau d'ambre que je gardais depuis tout petit, et le jetais à ses pieds. C'était peu, mais il comprendrait ce que je lui demandais, si tant est qu'il y avait eu un peu de vérité chez l'homme que j'avais connu jusqu'à aujourd'hui. Mon monde s'écroulait autour de moi, et avant de partir, je voulais savoir pourquoi. Pourquoi lui ?
- Tu ne peux plus parler ? Ça me facilitera la tâche, dit-il en souriant. Je me suis occupé de toi sous ordre de Pacou Mendicant. Il voulait que je te surveille.
Ma gorge et ma bouche étaient lentement envahi par mon sang, mais à travers mon esprit embrumé par la douleur et la peine, je parvins à saisir cette information.
- Pourquoi ? réussis-je à demander dans un infâme gargouillis de sang.
- Tu t'accroche, c'est bien, me félicita-t-il. Tu n'es pas au courant des circonstances de la mort de tes parents, mais Pacou a été très surpris par ton père ce jour-là, déclara-t-il.
Je parvins à hausser un sourcil.
- Ton père était un authentique Dragon Mendicant, un des derniers représentant de cette espèce en voie d'extinction. Aujourd'hui, le dernier dragon en vie c'est Pacou, mais il y a dix ans de cela, il a commis l'erreur de tuer ton père. Ce n'est qu'après avoir réexaminé son cadavre qu'il a apprit la vérité, et le mal était déjà fait. Il a toujours voulu retrouver des gens de son espèce, et le fait qu'il soit passé à côté d'une occasion pareille l'a rendu fou de rage. C'est là que tu interviens.
Comme si le simple fait de repenser à moi lui filait de l'urticaire, il donna un coup de botte au morceau d'ambre que j'avais jeté à ses pieds, et l'envoya loin de nous, à l'autre bout de la pièce
- Il m'a chargé de te prendre en charge et de t'élever, afin que je vérifie quand tu aurais grandi que tu ais hérité de ton père. Mais ce fut un échec, non seulement tu n'es qu'un humain, mais en plus ton bras est handicapé. Tu n'es qu'une pâle copie de ce que tu aurais vraiment du être, un monstre de foire faible qui n'approchera jamais la vraie puissance des dragons.
A ces mots, je sentis enfin la colère m'envahir, et des spasmes douloureux réveillèrent mon bras droit, jusque-là engourdis et tétanisé par le poison.
- C'est dommage..., dit-il pensif, tu avais le potentiel génétique pour devenir l'un des plus puissants prédateurs de notre siècle, mais ce potentiel a été gâché par l'humanité de ta pétasse de mère. Quelle merde.
Ma rage explosa, et l'énergie sombre commença de nouveau à filtrer à travers les bandages recouvrant mon bras droit.
- Hé, t'a pas compris ? demanda le ranger en s'approchant de moi.
Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, il leva son pied et l’abattis sur mon bras, brisant l'articulation du coude. Le poison du Arbok bloqua la douleur, mais j'écarquillais les yeux en sentant mon bras céder, et le bruit de craquement qui suivit. Mais mon père adoptif ne s'arrêta pas là, et mit une série de coup de pied sur mon bras droit, le brisant en plusieurs morceaux.
- Voilà qui est mieux, lâcha-t-il en s'asseyant devant moi, un peu essoufflé. Quand j'ai appris la nouvelle à Pacou, il m'a ordonné de ne pas te tuer, et de te laisser vivre ta vie tranquillement, dans l'espoir que tu fasse un jour des enfant. Malgré ton impureté humaine, tu porte le gêne des Dragons en toi, et il y avait une chance, une mince chance pour que l'un de tes enfants obtienne le jackpot.
Il se mit à genoux cette fois, et posa sa main sur ma tête, me caressant doucement les cheveux.
- Malheureusement, il va falloir oublier cette idée, m'apprit-il avec un nouveau sourire contrit. Je ne sais pas ce que t'a appris la petite Chuchoteuse, mais tu es maintenant en possession d'informations susceptibles d'arrêter Pacou. Je ne laisserais pas cela arriver.
Je le fixais sans faire un geste, sans bouger un seul muscle. Je sentais la vie me quitter peu à peu, et probablement que mon regard était déjà mort, mais dans un dernier sursaut de faiblesse, je tentais de deviner un peu de remord dans le regard de cet homme, et pas seulement des émotions de façade.
- Si je t'avais aidé, tu aurais surement pu sauver Irratam c'est vrai, mais que veux-tu ? J'ai choisi mon camps il y a bien longtemps, lâcha-t-il à nouveau avec un sourire. Et tu n'es qu'un gosse, qui n'aurais jamais du s'approcher de la cour des grands.
Il tapota ma tête une dernière fois, avant de fouiller mes poches et de récupérer son couteau de chasse.
- Aaaaaah... ça fait du bien de le retrouver celui-là, s'écria-t-il avec un clin d’œil. Et bien Mendicant, il va être temps de nous dire au-revoir.
Acceptant l'inéluctable, je fermais les yeux, avant de les rouvrir d'un coup quand il enfonça le couteau dans ma poitrine.
- Paradis, Enfer, quoi qu'il se passe après la mort, si tu vois tes parents, transmet leur mes amitiés.