J'observais Sepia et Dorea agir, silencieusement. Je fis un bref signe de soulagement avec mes Pokémons et reportai mon attention sur ce Ace, apparemment. Je gageai que ni Sepia, ni Dorea semblait faire confiance à ce type après les avoir observées un moment. Elles semblaient avoir discutées silencieusement entre elles, jetant un coup d’œil à mes Pokémons, m'ignorant royalement. Bien, je crois avoir compris... Je me sentais cependant de mauvaise humeur, nerveuse, énervée. Et cette douleur lancinante à ma tête n'arrangeait pas les choses.

- Hétalia Ryu, enchaînai-je d'une voix peu aimable, avant d'indiquer mes Pokémons qui restaient étrangement en retrait, d'un geste de la main.

Cet homme me perturbait. Débarquant de nulle part, en prime, il semblait jubiler de quelque chose. Que j'ai l'air d'avoir un comportement bizarre ou non, je me sentais obligée de jauger une personne à ce point. Je vis Aquene lancer un regard indescriptible à Dorea, avant de relever rapidement la tête et de s'approcher de moi, fièrement. Tadi continuait de claquer son bec, créant un écho désagréable à travers la cavité. J'attendis calmement qu'il réponde à la question de Sepia, n'ayant plus rien à dire pour l'instant. Je baissai la tête en voyant Ouray, peu rassuré par le lieu, ni par ce qu'il voyait devant lui. Je m'accroupis, mes sens en alerte, avant de passer ma main sur sa tête pour le rassurer. Plus mon esprit devenait clair, plus je sentais une douleur lancinante monter le long de mon dos, jusqu'à l'arrière de mon crâne. Des tâches floues subsistaient devant mon regard, et me déboussolai contre mon gré. Je baissai la tête et fermai les yeux, avant de me redresser légèrement et de regarder autour de moi. Ne laissant rien paraître, je haussai un sourcil et redressai la tête vers ce drôle de type.

- Dites moi... J'ai une petite idée de la manière dont vous êtes venus ici, mais ce que j'aimerais savoir, c'est surtout qui vous envoie, et votre intérêt personnel de nous aider de je ne sais quoi. Vous êtes d'une Faction, peut-être celle d'Absolution, n'est ce pas ? J'ai vu assez de type à l'air louche pour faire rapidement un lien entre l'un et l'autre.

Je me tus rapidement, me retenant d'échanger un regard avec Sepia et Dorea. Elles mijotaient quelque chose, c'était certain. Cependant, je me fichais royalement de ce qu'elles pouvaient bien faire. Si elles trouvent un moyen de fuir, tant mieux pour elles. Je me voyais déjà "abandonnée" par ces deux-là, sans même l'ombre d'un remord. Ma vision des humains est la même pour tout le monde : un jour ou l'autre, ils disparaissent sans rien demander. Je continuai de rassurer mécaniquement Ouray. Le silence s'était abattu depuis un moment déjà, et ne faisait que rendre plus oppressant le lieu ou nous nous trouvions. Moi qui avait trouvé les Splendeur de Cristal si magnifique à notre entrée, finalement, cette apparence était à double tranchant. Quelque chose clochait, lorsque j'y pensais de façon plus approfondie.

Comme quoi, mieux vaut ne jamais se fier aux apparences.

Ace avait le sourire. Aussi étrange que cela puisse paraître, cela l'avait toujours fait rire qu'on le qualifie de "louche". À ses yeux, les gens les plus louches étaient ceux qui n'affichaient aucun signe apparent "d'anormalité". Chaque être étant doté de façon plus ou moins immergée d'un brin de folie, ceux qui le cachaient mieux que les autres étaient les gens "louches" pour Ace. Lui, ne s'en cachait pas, et c'était visible au premier abord. Ce qui en faisait quelqu'un d'assez transparent, ce qui pour lui, était l'opposé de louche. Mais alors qu'il développait intérieurement son raisonnement à ce sujet, Ace prit conscience de quelque chose. "Hétalia". Ce nom lui semblait familier. Comme s'il avait déjà connu cette personne, bien qu'en l'observant, rien ne lui rappelait l'avoir déjà rencontrée. Quant à son amie, Seren Piano, elle avait beau avoir apparemment repris contact avec la réalité des faits, elle semblait toujours ailleurs, et échangeait des regards et des signes étranges avec son Goupix qui venait de s'éloigner de la troupe arrivée un peu plus tôt, et l'avait rejointe. 

Soudain, le regard d'Ace se durcît. Les choses sérieuses allaient commencer. Un étrange gloussement venait de résonner dans la grotte, semblant provenir des tréfonds de cette dernière, et ne présageant rien de bon. " Certainement les cannibales dont m'a parlé Pacou... " Se dit Ace. Les gloussements se répétèrent, et s'intensifièrent, comme s'ils se rapprochaient. Bien que l'écho produit par les parois de la grotte ne permettait pas d'en être certain.

- Nous n'avons plus le temps. Déclara Ace d'un air beaucoup moins tranquille que précédemment. Ils arrivent. Je vous expliquerais tout quand je vous aurais sorties de là, mais pour le moment, vous allez devoir me faire confiance, même si votre méfiance semble exemplaire. Ajouta-t-il en fixant tour à tout Sépia puis Hétalia.

Son regard s'attarda quelques instants sur celui d'Hétalia, toujours préoccupé par cette étrange sensation la concernant. Les deux jeunes filles semblaient hésiter. Les rires et cris qui continuaient de résonner dans la caverne d'un côté, et Ace, l'homme à l'air louche et ses deux pokémons tout aussi louches de l'autre. Tous les pokémons appartenant respectivement à Sépia et Hétalia semblaient avoir décidé de se concentrer sur l'inconnu et les cris qui le représentaient, plutôt que sur Ace et son équipe. Comme s'ils sentaient qu'au final, le danger pouvait venir d'ailleurs. 

Soudain, les bruits cessèrent, et le calme se réinstalla. Ace fléchît de façon presque imperceptible ses genoux, prêt à bondir, alors que Red dégaina son os. Leur habitude de la vie sauvage avait aiguisé leurs sens au fil des années, et ils pouvaient parfois anticiper des dangers bien avant les autres. Hétalia ouvrit la bouche semblant sur le point de répondre quand un cri strident retentit juste derrière elle, et qu'Ace bondît dans sa direction, le regard plus menaçant que jamais. Sépia poussa un cri et ferma les yeux l'espace d'un instant sous l'effet de la surprise, puis les rouvrit pour découvrir une scène effrayante. Ace avait la main gauche posée sur l'épaule d'Hétalia, la maintenant au sol, et sa main droite traversait le buste d'un homme presque nu, uniquement vêtu d'un short délavé et sale. Ace retira sa main du torse de l'homme, qui tomba au sol, et convulsa légèrement tout en crachant du sang sous l'emprise de son système nerveux qui rendait son dernier souffle.

Ace siffla deux fois en direction de Red et d'Akwakwak, qui se mirent en formation et se préparèrent au combat. 

- Rassemblez-vous prêt de moi! Ils arrivent. Préparez-vous à combattre. Lança Ace à l'attention de Sépia et Hétalia, qui semblaient ne rien comprendre à ce qui se passait dans cette étrange grotte.

J'avais plaqué mes mains sur mes yeux par réflexe, puis j'avais écarté quelques doigts pour observer. Mais comme on dit, la curiosité est un vilain défaut. Je comptais seulement jeter un œil, rapide, avant de le refermer. Mais je restais rivé sur ce qui serait un de mes pires souvenirs. J'aurais tant aimé revenir en arrière et ne pas voir ce moment précis qui resterait à jamais gravé dans ma mémoire. Le premier événement de ma nouvelle vie qui me forcerai un jour à penser que ce monde dans lequel nous vivions devrait peut-être passer par un reset, une remise à zéro nette pour amener à quelque chose de meilleur. Mais pour le moment, je n'en étais pas à ce stade. Je me disais tout bêtement que de telles créatures ne devraient pas exister.

- Hétalia ! criai-je sans même m'en rendre compte.

Ce prénom s'était bousculé dans ma bouche pour arriver premier, avant les "au secours", "Aaaaaaah", "NON !" et autres exclamations qui étaient eux aussi dans le peloton de tête et auraient affiché ma peur au grand jour. Les six queues de Dorea s'étaient dressées. Elle feulait en direction de ces nouveaux intrus, qui rendaient Ace très aimable et rassurant en comparaison. Mais, sentant que nous serions impuissantes, je la prenais des mes bras. Elle leva la tête, interrogea Aquene du regard, et comprit. Pas cette fois. Je décidais d'abattre donc toutes mes cartes. S'il devait nous aider, autant qu'il sache tout.

- Dorea est muette, elle communique par dessins, qu'elle trace où elle peut, récitai-je vivement en courant me réfugier près des deux autres. Prisme, ma Lépidonille est très fraîchement capturée, mais elle manie Sécrétion comme personne. Elle peut tenter de faire une sorte de "grappin" pour nous remonter, mais je ne sais pas si ça serait assez... Elle sait gérer sa vitesse, mais si elle doit transporter des passager, ça sera plus dur et sans doute trop lourd après réflexion. Et-

Je prenais le temps d'examiner la tenue légère de notre assaillant. Correction faite : ex-assaillant, excusez-moi ! Il gisait tristement sur le sol, dans une mare de sang où se reflétait la petite lueur bleuté du puits situé au-dessus de nos têtes. Un frisson me fit trembler légèrement. Je détournais le regard, mais impossible d'éviter cette vision d'horreur : elle semblait imprimée sur ma rétine.

- J'ai seulement quinze ans, c'est indécent un pareil accoutrement ! Sans rire, ils vendent des jeans dans les magasins ! Et pas cher ! C'est bientôt les soldes...

Ce qui dérangeait plus ma compagne renarde, c'était la vue du sang. Elle se tourna vers moi et enfoui sa tête dans mon gilet. Elle tremblait plus que moi, mais je décidais de ne pas le mentionner. Elle m'en aurait voulu à vie si je lui faisais perdre toute crédibilité devant Aquene.
De nouveau, j'avais ce regret de ne pas être restée chez moi. Après la course poursuite dans la forêt, voilà que nous jouions un survival horror grandeur nature...

- Hétalia, t'as vraiment pas d'chance ! lançai-je histoire de détendre un peu l'atmosphère.

Chute violente, plaquage au sol, elle aurait tout vu ! Cette réflexion un peu "amusante" prouvait aussi une nouvelle fois que mon angoisse se traduisait généralement par des phrases sans importances dont l'humour était très mauvais. Voire inexistant...

J'ouvris de grands yeux, choquée par ce que je voyais. Plaquée au sol en l'espace d'un instant par la main puissante de cet homme, je n'avais absolument rien compris à ce qui se passait. Jusqu'à ce que, au dessus de moi, je voie la main d'Ace transpercer le corps d'un humain. Je gardai mon regard figée sur cette scène, hébétée. Semblait-il s'amuser ? C'était le cas, j'en étais persuadée. Son sourire carnassier et amusé le trahissait. Ce qui m'interpella le plus, c'était sa force. Comment pouvait-il tuer un homme d'une seule main ? Qui plus est en le transperçant. Une force pareille était inhumaine, voire impossible.
Cependant, je ne pus pas voir la personne qu'il avait transpercé d'un seul geste. C'était une silhouette cependant humaine. Masculine, puissante, massive. Mais quelque chose me dérangeait. La façon dont cette silhouette se tenait, les cris et les rires que nous avions entendus...

Des animaux en pleine chasse. Voilà à quoi je songeais immédiatement.
Je n'eus pas le temps de réfléchir plus longtemps. Mon cerveau tournait au quart de tour, poussé par l'adrénaline qui parcourait mon corps, et qui effaça en un instant mes douleurs. Encore plaquée au sol, je fouillai immédiatement dans mon sac, et empoignai mes quatres Pokéball avant de les tourner furtivement vers Aquene, Nokomis, Ouray et Abey. Ils me regardèrent tous avec de grands yeux, sans doute peu ravi par ma décision. Mais ils n'avaient pas à discuter dans le cas présent. Ils retournèrent dans leur Pokéball respective en un instant, sans avoir le temps de rouspéter.

Lorsque Ace s'élança brusquement, suivi par ses Pokémons, je me redressai en position accroupie, plissant les yeux à la recherche de quoi que ce soit. Je baissai alors mes yeux vers la... "chose" qu'il avait tué d'un coup rapide et efficace. La vue du sang ne me dérangea pas, loin de là. Une plaie béante dans la poitrine, et baignant dans une mare de sang, je fixai le visage de ce truc. Je réfléchissai à toute allure, comprenant enfin quelque chose.

Je vis enfin de quoi Ace nous parlait. De ce danger là.
Cette chose, aussi humaine soit-elle physiquement, n'avait absolument rien d'un être moral et vivant. Il suffisait d'examiner son physique en détail pour s'en apercevoir. Habillé simplement, ses canines semblaient ressortir avec plus d'insistante qu'un simple être humain. Son regard, même éteint, demeurait sauvage et primitif, ses cheveux sales et longs. Qu'est ce que c'était ? Des autochtones ? Ou...

*Des cannibales ?* pensai-je en fronçant les sourcils.

Depuis la Déchirure de Madrigal, ils s'étaient développés. Avant que la famine, et que le monde dans lequel nous évoluons se redressent, je savais pertinnemment, de part un peu d'histoire, qu'il y avait évidemment des groupes humains qui, pour survivre, avaient continué à se battre pour des ressources naturelles.

Avaient-ils terminés aussi bas ?

En entendant la dernière réplique de Sepia, je tournai lentement la tête vers elle. Elle voulait sans doute détendre l'atmosphère. De ce côté là, elle était courageuse. Mais je n'avais pas la tête à plaisanter. Surtout que nous étions mal barrés, si vraiment ils étaient plus nombreux que prévus.

Je refusais catégoriquement que j'utilise un de mes Pokémons pour combattre ces choses.
Et s'ils étaient plus nombreux que cela, je devrais me défendre. Et je veux tout, sauf me battre. Surtout devant Sepia.
Les rires fusèrent de toute part. Ces ricanements se répercutaient sur les parois de la cavité, s'amplifiant, rendant le lieu plus angoissant. Je me fléchis légèrement, et reculai jusqu'à Sepia, avant de la plaquer à l'aide de mon bras contre la paroi rocheuse. Je me tenais devant elle et examinai les alentours, avant de repérer plus loin dans la pénombre, la silhouette de l'Akwakwak et de l'Ossatueur. Je vis enfin la silhouette d'Ace, qui semblaient plus massive. Ma curiosité piquée au vif, je me sentis obligée de le regarder agir, lui et ses Pokémons. Je jetai de temps en temps un regard autour de moi. La pénombre ne me permettaient pas de distinguer des silhouettes d'autres "personnes".

Néanmoins, je les savais présentes, et prêtes. Prêtes à sauter furtivement sur nous, si nous baissions notre garde ne serait-ce qu'un court instant, qui pourraient nous être fatal.

Doréa, le Goupix de Seren pouvait donc communiquer. Ace resta concentré, et bien qu'aucune des deux filles ne s'était rapprochée comme il le leur avait demandé, il avait assez confiance en ses nouvelles capacités pour être quasiment sur qu'il ne leur arriverait rien. Il avait ressenti sa nouvelle puissance en traversant comme du beurre réchauffé le torse du cannibale avec sa main, et s'en était félicité. De plus, il était en pleine forme, ce qui ne lui était pas arrivé depuis plusieurs mois d'après ses souvenirs. 

Ace n'était pas habitué à ce genre de missions. Il n'avait servi qu'à tuer jusqu'à présent. Au pire à enquêter. Mais jamais à protéger. Seren et Hétalia se tenaient désormais contre la paroi de la grotte, à sa gauche, et il hésitait à demander à Akwakwak ou à Red de garder un œil sur elles. Il ne savait pas trop comment faire. La seule chose dont il était sur, c'était de la façon dont il allait s'occuper de ces cannibales. D'ailleurs, leurs cris et gloussements devenaient de plus en plus intenses et fréquents, plongeant ainsi la grotte dans une cacophonie sans fin, à cause de l'écho. Ace savait qu'ils pouvaient leur tomber dessus d'un moment à l'autre, en très grand nombre.

Plus aucun pokémon n'était présent, mis à part Dorea et le Roucarnage d'Hétalia, et les deux fidèles compagnons d'Ace bien entendu. Les yeux jaunes d'Akwakwak scrutaient la pénombre, à l'affût, suivant avec une précision quasi "anticipatrice" les cris des cannibales se répercutant sur les parois. Quant à Red, il semblait bouillonner d'impatience de se dérouiller. Il n'avait rien eu à se mettre sous l'os depuis quelques temps, et le besoin de tuer commençait à se faire sentir.

Hétalia semblait être sur le qui-vive elle aussi, et formait une barrière devant son amie Seren avec son bras gauche. Elle ne semblait pas être inquiète, mais attentive. Ace était surpris par son comportement, mais ne pouvait pas se permettre de s'attarder sur ce détail pour le moment. Seren quant à elle, semblait se focaliser sur l'origine de la lueur bleue. Voyait-elle en elle une possible échappatoire? Ou se disait-elle simplement que les cannibales risquaient probablement d'arriver par là? Quoi qu'il en soit, Dorea, ne la quittait pas d'une semelle, semblant aussi inquiète qu'elle. La tension était à son comble lorsqu'Akwakwak lança un laser glace dans la pénombre. C'était parti. Red l'avait vu aussi, et s'était précipité derrière Akwakwak qui avait fondu sur sa victime. 

Ace n'eut pas le temps d'apercevoir ce qu'ils avaient touché, et se baissa en un éclair esquivant ainsi une morsure au niveau de son épaule, qui aurait fait de sérieux dégâts. Il attrapa immédiatement son agresseur au visage, d'une seule main, et l'enfonça dans le sol avec une force démoniaque, fracassant du même geste une bonne couche de roche. Ils étaient partout. Une bonne trentaine de cannibales avaient investit la caverne dans laquelle ils se trouvaient, et fondaient sur eux comme un essaim d'insectes. Ace se résolut à dégainer sa machette, commençant ainsi à trancher des membres d'une façon beaucoup plus brutale qu'auparavant. Les membres semblaient plus s'arracher de leur corps qu'être découpés. Les bruits sourds que produisait l'os de Red en s'abattant sur ses victimes couvraient l'ensemble du vacarme, tant ils étaient violents.

Soudain, un cannibale repéra les deux jeunes filles, et se précipita sur elles en hurlant comme un dément. Le Roucarnage d'Hétalia s'éleva de quelques centimètres, battant des ailes avec férocité, tandis qu'Hétalia se posta en bouclier devant Seren, et dégaina son sabre, le regard concentré et assuré. Mais Akwakwak s'interposa, sortant de nulle part, avec une attaque Aqua-Jet qui frappa de plein fouet le monstre qui fondait sur elles. Hétalia semblait soulagée, mais déçue dans un sens, de cette intervention.

Alors que le combat faisait rage, et qu'Akwakwak s'était décidé à rester en sentinelle devant les deux jeunes filles, Ace poussa un cri énorme, inhumain. Red s'arrêta de défoncer la cage thoracique du cannibale dont il s'occupait, tournant la tête instinctivement mais son maître, l'air affolé. Ace venait de se trancher un doigt de la main gauche avec sa machette. Hétalia semblait ne rien comprendre à ce qui venait de se passer, et bien que les cannibales ne soient plus très nombreux, il en restait tout de même une bonne dizaine, et ils avaient toujours faim. Mais le temps semblait s'être arrêté pour tous. Ace repoussa un cri de même ampleur, et s'asséna un violent coup de poing au menton, tombant ainsi en arrière, le crâne rebondissant dans un bruit sec contre le sol de pierre. Akwakwak se précipita vers Ace, tout comme Red.

- Si c'est pour voir ce genre de choses, j'aurais très bien pu rester à la maison et allumer la télé. Déclara Seren avec sarcasme et nonchalance. Surtout que j'aurais pu régler la luminosité, on y voit rien ici!

Doréa lui lança un regard désespéré, avant d'observer Hétalia, qui semblait ne plus savoir quoi faire face à ça. Alors en proie au doute, une cannibale s'élança vers elle, montrant ses dents plus aiguisées que les piques d'un Sablaireau. Sans réfléchir, elle dégaina de nouveau son sabre d'un geste sur, et, alors que Roucarnage aveuglait l'ennemie dans un nuage de poussière en battant fortement des ailes, elle le décapita dans une gestuelle presque gracieuse, recevant sur le visage quelques gouttes du sang qui jaillit comme d'une fontaine du cou de la victime. 

Elle regarda en direction d'Ace pour voir s'il était toujours en vie, et constata qu'Akwakwak s'occupait de lui, et qu'il semblait reprendre ses esprits progressivement. Il était temps pour Hétalia d'agir, Seren étant dans le déni de la réalité, et Ace momentanément hors-circuit.

Cette faible lumière, provenant du trou qui nous avait enfermé dix pieds sous terre, se reflétait sur le sol en un halo céruléen quasiment parfait. Il aurait pu être tracé au compas qu'il n'aurait peut-être pas été aussi rond. Cette cavité, que j'avais longuement observée, que j'avais utilisée comme support pour mes dessins virtuels un peu plus tôt, je pensais en connaître le moindre détail, alors que son plus grand secret m'apparaissait en ce moment-même comme par enchantement.
Mais l'attaque de l'Akwakwak me tira de ma rêverie. Ma toute première pensée fut que l'attaque qu'il avait lancée était tout simplement sublime. Un instant infime, je me surpris à penser que j'aimerais moi aussi encourager un de mes Pokémons à la lancer. Mais nul doute que mes Pokémons actuels ne pourrait pas l'apprendre : je savais que Dorea était de type Feu, et je n'étais pas si stupide que ça, une chenille ne pouvait être que de type Insecte. J'ouvris de grands yeux lorsque le combat s'engagea, avec une violence telle qu'à plusieurs, reprises je fermai les yeux pour éviter à mon esprit de pouvoir me resservir sur un plateau ces scènes horrifiantes dans un cauchemar futur. Je savais que j'en avais déjà trop vu. Je sentais les griffes de Dorea percer mon fin gilet de laine. Je déboutonnais le vêtement et la calais contre ma poitrine avant de le refermer.

- Avec moi, tu es en sécurité, murmurai-je rien que pour elle.

Elle releva les yeux vers moi, visiblement troublée, inquiète. Il n'y avait plus rien de courageux dans ce regard implorant. C'était comme l'entendre me demander de la sortir de là. Mais elle le savait aussi bien que moi : ce que j'avais dit, ce n'était que de belles paroles. Nous étions loin d'être en sécurité.
Je repensais à mes parents. Au mot que j'avais laissé sur mon lit. Au fait que je ne les reverrai sans doute jamais, et qu'ils passeraient leur vie à me chercher, sans succès. Qui aurait l'idée saugrenue de venir fouiller cette maudite grotte ! Il fallait être fou pour y pénétrer !
Soudain, le comportement d'Ace m'alerta. Il semblait comme possédé, habité par une entité invisible. J'avais l'impression de regarder un spectacle de marionnette grotesque. La peur s'invitait en moi aussi facilement que l'eau s'infiltre dans une éponge bien sèche. Cette comparaison me fit sourire. Un sourire faux, nerveux. Et cette anxiété naissante se traduit comme toujours par une réplique totalement hors contexte :

- Si c'est pour voir ce genre de choses, j'aurais très bien pu rester à la maison et allumer la télé. Surtout que j'aurais pu régler la luminosité, on y voit rien ici !

Dorea me fixait à présent de ce regard perçant qui lui allait si bien. Je m'excusais d'un haussement d'épaules. Qu'auraient-ils tous préféré ? Que je traduise clairement la pensée de chacun en lançant un "On va tous crever" ? Dorea s'intéressa alors à Hétalia, qui dégaina sa lame tranchant. Aussitôt qu'elle fendit l'air, j'eu l'impression que quelqu'un avait coupé le son. Seule les battements de mon cœur résonnait dans ma tête, comme les cris de nos ennemis envahissaient la cave.

- Héta...lia...? Je... je vais m'évanouir là, bientôt alors... juste... Le trou, c'était un piège. Je crois. Il est trop... trop bien découpé pour... ah, attention... trois, deux, un...

Je me sentis partir, comme lorsque l'on plonge dans un lac, les yeux fermés. Comme un saut en parachute exécuté depuis le ciel, avec une sortie en arrière. J'étais dans mon lit. Je n'étais jamais partie. J'allais me réveiller, secouée par ma mère, qui me demanderait de bien vouloir descendre pour l'aider à la comptabilité. Cependant, c'était vraiment étrange : ma chambre était baignée d'une odeur putride, une odeur de sang. Une odeur de mort.


Lorsque Sepia toucha le sol, Dorea se dégagea du vêtement et lécha sa joue. La jeune fille souriait, elle semblait en paix. Elle respirait. Sans lui laisser le temps de comprendre, Prisme apparut à ses côtés, sa ball, cachée dans le sac de l'apprentie dresseuse, ayant heurté la terre. Sans prendre le temps de réfléchir, Dorea dessina ce qui semblait être une tresse sur le sol, puis, elle pointa de sa patte la cavité. Prisme, affaiblie par sa capture et le combat récent dans les plaines, se concentra pour tisser une corde grâce à sa Sécrétion et l'aspira pour remonter à l'étage. Peut-être les Pokémons de la grottes accepteraient-ils de défendre leur territoire ? Au pire des cas, elle pouvait toujours tenter de hisser le groupe jusqu'à elle ?

Lorsque j'entendis un bruit sourd derrière moi, j'avais immédiatement tourné la tête vers Sepia. Quand je la vis allongée, un éclair de panique me traversa l'espace d'un instant. Mais lorsque je vis que sa cage thoracique se soulevait doucement, et que son visage semblait détendu et apaisé, je poussai un léger soupir de soulagement et croisai le regard de Dorea. Elle semblait paniquée. Je lui fis un léger sourire, à elle et Prisme, pour les encourager.

- Prisme, continue à essayer de tisser une corde. Si tu parvins à sortir Sepia et Dorea de là, ce serait parfait. Vous serez au moins à l'abri.

Dorea et Prisme semblaient vouloir me dire quelque chose, mais mon attention fut détournée par les cannibales qui me fonçaient dessus, affamé, les babines retroussées. La mâchoire contractée, je m'élançai vers un groupe de quatre, leur lacérant en un coup furtif le thorax. Ils s'écroulèrent au sol dans un râle bestial, attirant la rage des autres carnassiers restants. Ils n'étaient plus beaucoup, mais malheureusement pour moi, c'était les plus forts et les plus déterminés restants. Certains, s'étaient même accroupis au sol, dévorant, ou tirant sur le côté les cadavres de leur défunt acolyte. Je ne pus m'empêcher de tirer une grimace de dégoût, avant de détourner la tête vers Ace et ses deux Pokémons.
Son hurlement monstre m'avait interpellé. Que lui arrivait-il ? Dans la pénombre, je n'avais pas tout vu. Mais j'avais entraperçu nettement sa silhouette s'écrouler au sol. Les cris affamés des cannibales me ramenèrent vers la réalité. Des deux mains, je serrais le pommeau de mon sabre, le regard plissé, perçant, à l’affût. Je n'aimais pas me battre, habituellement. Fort heureusement que j'avais appris à me défendre pendant ces cinq dernières années. Mais ce n'était que la base, je n'étais pas aussi forte que cela. Je savais juste parer, et me défendre.

Alors que j'étais occupée à chercher les silhouettes des cannibales, masquées par la pénombre, je vis soudain une silhouette menue, probablement féminine, arriver à ma hauteur et courir en direction de Sepia. J'eus juste le temps d'attraper la silhouette par la nuque pour l'empêcher de s'en prendre à Sepia. Mais soudainement, la jeune femme cannibale se tourna vers moi et darda sur moi un regard meutrier et sauvage, comme je n'en avais jamais vu. Je n'eus pas le temps de réagir lorsqu'elle attrapa soudainement mon avant-bras, avant d'y mordre à pleine dents. Une plainte de douleur s'échappa de ma gorge, avant que je réagisse brutalement à réagir à sa contre attaque en donnant un coup de sabre en pleine tête. Elle s'écroula dans un bruit sourd au sol, une marre de sang se créant lentement, mais progressivement, autour d'elle.

Tadi, qui avait accouru en me voyant en difficulté, n'avait pas eu le temps de réagir face à ma rapidité. Il poussa un long cri, qui se répercuta autour de nous, s'intensifiant, stoppant ces mi-humains, mi-bêtes sauvages, puis disparurent.
Je serrais violemment les dents, et dans un geste rapide, j'arrachai de mes dents un bout de ma veste, l'entourant grossièrement autour de mon avant-bras. Je tentais difficilement d'ignorer la douleur, qui prenait naissance dans tout mon bras droit. L'odeur du sang, de mon sang, semblait avoir attiré les autres cannibales. Le nez levé en l'air, ils humaient l'air en se léchant le bord des lèvres, avant de tourner lentement leur tête vers moi, un sourire bestial aux lèvres. Mécaniquement, je le leur rendit par un sourire mauvais, qui les rebuta l'espace d'un instant. J'avais une bouffée de chaleur, et je sentais l'adrénaline circuler en moi, atténuant enfin – si je pouvais dire – ma blessure au bras.

J'allais à nouveau m'élancer vers un homme à la carrure imposante, lorsque je sentis quelque chose m'attraper par la cheville. En plein élan dans ma course, j'ouvris de grands yeux de surprise avant de chuter lamentablement au sol, mon sabre toujours en main. Je tournai la tête et découvris avec horreur un cannibale, que je n'avais sûrement pas suffisamment achevé, me regarder avidement. Sans se prier, il me tira vers lui et mordit à pleine dents ma cheville. Je sentis une violente douleur remonter le long de ma jambe en un quart de seconde. Je vis soudainement une ombre planer à toute allure vers moi. C'était Tadi, furieux. Il darda un regard meurtrier sur le cannibale, commençant à lui donner de violents coups de becs sur la tête. Surpris, il me lâcha enfin et, poussée par l'adrénaline, je fis un violent mouvement et donnai de mon pied encore libre, une violente retournée au cannibale. Il poussa un hurlement glauque. Je profitai alors de cette diversion et me redressai avant d'abattre ma lame sur sa gorge. Il tressauta lorsque la douleur parcourut son corps, puis plus rien. Il se vidait lentement de son sang. Je tentais de me redresser dans la précipitation, et y parvint douloureusement, mais difficilement. Je m'appuyai tant bien que mal sur mon pied endolori. Je perdis de quelque peu l'équilibre, mais me rattrapai à la dernière minute. Tadi se figea en vol stationnaire à mes côtés, ne cessant de me jeter des coups d'oeils anxieux et perçants. Attentive, je parcourus du regard la cavité, pour faire un état des lieux.

Sepia "dormait" toujours... Et le plan de Prisme semblait enfin se mettre en place. Pliée en deux, je vis à l'oeil nu un long fil partir des ténèbres de la grotte, jusqu'à la lumière de la surface, beaucoup plus haut. Je tournai la tête en direction de l'endroit ou se tenait Ace, et ses Pokémons. Apparemment, ces derniers semblaient de quelque peu inquiet. Mais je vis la carrure de Ace se redresser, doucement. Je tournai alors la tête et, me trouvant trop éloignée de Sepia, Dorea et Prisme, je décidai de reculer lentement, et de me rapprocher d'eux. Lorsque j'arrivais enfin à leur hauteur, je gardai les dents serrés, pour contrôler ma douleur, avant de refaire barrage de mon corps devant ces trois-là. Je ne faisais plus attention à l'odeur de mort qui régnait entre les parois, tant j'étais concentrée sur mes faits et gestes, ainsi que ceux de mes ennemis.

C'est alors qu'à ce moment-là, deux cannibales foncèrent en direction de Ace et de ses acolytes. Deux autres, que je n'avais pas du tout repéré, surgirent de la pénombre. Le faible éclairage provenant des hauteurs rendaient leur allure cadavrérique, monstrueuse. Ils poussèrent un rugissement rageux, accourant dans notre direction, avant de bondir brusquement, les mains griffues, un sourire inhumain éclairant leur visage auparavant humain.

Ace reprenait peu à peu ses esprits, toujours désorienté par sa crise, le froid qu'avait causé le léger laser glace d'Akwakwak visant à le calmer, et la douleur lancinante provenant de son doigt tranché.
Mais Ace n'eut pas le temps de se reposer, car il entendit des rugissements féroces au loin, suivis d'un cri, plus féminin. Il tourna la tête mais un cannibale lui sauta sur le dos, le faisant ainsi tomber au sol. Un autre tenta de les rejoindre, mais Red lui asséna un Mass' D'os qui le sonna sèchement. Ace attrapa la tête du cannibale toujours sur son dos en passant ses bras au dessus de sa tête. Son doigt lui faisait toujours mal, mais c'était supportable, et il n'avait pas le choix. Il poussa un cri de rage, et arracha la tête du cannibale dans son dos, avant de la jeter au loin et de se retourner. Il constata que Red et Akwakwak s'étaient occupés du deuxième, et il se mit en quête d'Hétalia et de Seren.

Ace titubait, et sa vision était encore un peu trouble. Cette crise avait été l'une des plus violentes de ces derniers mois, et ses effets ne s'estompaient pas rapidement. Alors que Red et Akwakwak le suivaient tout en surveillant ses arrières, Ace repéra plusieurs silhouettes contre l'une des parois de la grotte, un peu plus loin devant lui. Il accéléra le pas, manquant de tomber à chaque enjambée. 

Hétalia était en grand danger. Les deux morsures qu'elle avait subie saignaient abondamment, et l'empêchait de manier le sabre correctement, ainsi que de se déplacer rapidement. Les deux créatures plus monstres qu'humains restant arrivèrent à sa hauteur, tels des prédateurs. Hétalia leva son de son bras indemne, tout en tentant de protéger Seren, allongée sur le sol, comme en état de léthargie, juste derrière elle, de son autre bras. Elle planta son sabre dans le ventre du premier, mais en voulant le retirer pour s'attaquer au deuxième, constata qu'il était bloqué. La créature le tenait, ne se souciant guère de la douleur et des blessures infligées, elle souriait. Un sourire sadique et moqueur à l'attention d'Hétalia, désormais sans arme. Le deuxième cannibale se précipita sur elle, ouvrant grand sa mâchoire, quand une machette se planta dans son crâne, arrivant jusqu'à son oeil, offrant ainsi à la vue des deux jeunes filles une blessure immonde et cauchemardesque. Hétalia n'en revenait pas. Son coeur battait à tout allure. Elle cherchait Ace du regard, luttant contre la pénombre. Quand elle l'aperçut enfin, il n'était plus très loin. Il avançait en titubant, tenant sa main gauche contre sa poitrine, Red et Akwakwak le talonnant. 

Le cannibale que tenait encore Hétalia au bout de son sabre ne lâchait toujours pas prise, et Hétalia n'arrivait pas plus à s'en défaire qu'au début. Elle pouvait voir de près ses dents pourries, ses yeux injectés de sang, et sentir son haleine putride. 

Ace parvint enfin à la hauteur des deux filles, et leur jeta un rapide coup d'oeil pour vérifier qu'elles allaient bien. Il repéra Seren, allongée, mais vît qu'elle avait les yeux ouverts et ne semblait pas blessé, il ne s'en inquiéta donc pas. Il n'avait que le nom d'Hétalia en tête, nom qu'il ne cessait de se répéter depuis qu'il avait repris connaissance. Seul l'instinct de tuer prenait le pas dans l'ordre de ses priorités. Il arracha sa machette du crâne du cannibale désormais au sol, et la planta d'un geste sec sur le sommet du crâne de celui qui tenait toujours le sabre d'Hétalia.

Il s'arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle, et regarda alternativement les deux jeunes filles.

- On y va. Lança-t-il. On a trop traînés ici.

Ace se retourna, et de sa main valide, sembla fendre l'air. Un portail s'ouvrit alors, et il fît signe aux deux jeunes filles de l'y suivre, avant d'y entrer lui-même, suivi par Red et Akwakwak.

Je fis le dos rond, poils hérissés, dents à découvert. Jamais je n'avais vu pareille chose. Qui pouvait faire apparaître des "portes" de nulle part ? Pas question que je le suive. Où allait-il ? Sepia souhaitait seulement aller en ville. Qui pouvait, à cet instant précis, assurer qu'il nous conduisait en lieu sûr ? Toute cette mascarade pouvait aussi être une ruse, un coup monté sous forme de scénario bestial où sa bienveillance à notre égard visait à baisser notre méfiance. Ce garçon n'était pas normal. Bien qu'il ait voulu nous aider, son comportement n'était pas celui d'un être sain. Méfiante, je me tournai vers Sepia, qui se tournait à présent en chien de fusil. Position rassurante par excellence, roulée en boule, elle ne risquait rien. Il était pourtant temps qu'elle revienne à elle. Je me dirigeai vers Hétalia et grattai sa chaussure dans l'espoir d'attirer son attention, bien que sa douleur soit sans aucun doute intenable et qu'elle avait mieux à faire que de me regarder. A chaque coup qu'elle avait reçu, j'avais eu envie d'accourir, mais mon rôle était de surveiller Sepia, bien que mon manque d'entraînement faisait de moi un Pokémon inutile. Mais Prisme avait terminé : la corde tissée paraissait solide. Je me mis à dessiner le puits de lumière, le fil de Prisme qui, tel le fil d'Ariane, serait notre sortie à nous, quoi qu'il arrive. Puis, je dessinais mon joli minois de façon avantageuse avant de croquer Sepia grossièrement et de représenter la Lépidonille par une série d'anneaux. Une flèche indiquait que nous décidions de remonter. J'esquissai un sourire timide et me frottai à ses chevilles en guise de remerciement. Mon regard croisa le sien. J'aurai tant aimé pouvoir m'exprimer à ce moment, lui dire ô combien la présence d'Aquene m'avait été précieuse. J'étais aussi convaincue que Sepia avait apprécié la sienne et qu'elle lui était reconnaissante de lui avoir montré ce que vivre signifiait. Leur compagnie avait été pour nous plus que bénéfique. J'inscris enfin quelques mots, que je connaissais de la langue humaine, et que je savais transcrire exactement, pour les avoir si souvent lu sur la porte de la Pension : "A la prochaine !". Puis, je m'intéressai de nouveau à ma propre dresseuse dont je bouchai le nez avec mes pattes après avoir grimpée sur son épaule, provoquant un réveil plutôt brusque.

- Qu- Quoi ?!

Sepia s'assit automatiquement, me projetant face contre terre.

- Où sommes-n... on est encore ici ?

Elle s'étira, se leva, comme à son habitude chaque matin, à la seule différence près que mon horloge interne sonnait les 17h. Elle scruta la pièce avec de grands yeux. J'espérais qu'elle ne reparte pas au doux pays des rêves, auquel cas, Prisme devrait lui tisser une civière.

- C'est terminé ? On a gagné ? Hey !

Elle pointa du doigt la porte magique, dont je ne connaissais pas l'appellation exacte.

- Qu'est-ce c'est Héta- Hey !

Cette fois, elle regardait horrifiée, les mains plaquées sur la bouche, les blessures de son amie.

- Mon dieu Hétalia, tu saignes !
- *Brillante observation Sherlock...*
- Il faut qu'on te conduise à l'hôpital !

Je jetai un coup d’œil à Prisme qui longeait son fil pour suivre notre conversation. J'attirai l'attention de Sepia pour lui expliquer rapidement la situation actuelle : le passage ouvert, l'option Prisme et les raisons de l'état critique de son aînée.

- ...Moi, je ne vais pas là-dedans. Je n'aime pas le noir et c'est comme les trous noirs dans l'espace, je ne sais pas où ça va. Je préfère retourner en haut avec Prisme et Dorea ! Hétalia, je t'en prie, viens aussi ! Si tu ne peux pas monter, je te porte sur mon dos !

J'éclatai de rire avant de me reprendre. Si Hétalia acceptait, c'est la tête fracassée sur le sol qu'elle finirait ses jours. Sepia n'avait pas la force nécessaire de soutenir un corps en montant à la corde. Il y avait de grandes chances que nos chemins se séparent. Le fait est que peu importe leur choix, Ace ne m'inspirait pas plus confiance que les êtres que je comparais facilement à des zombies. Puis j'avais remarqué que l'Oniglali nous avait conseillé le chemin où un filet d'air se faisait légèrement sentir, autrement dit : plus le tunnel serait aéré, plus la sortie serait proche. Je me sentais capable de la trouver.

Je tentais de ne pas sombrer dans les vappes, et regardais Sepia, le cerveau en ébullition. Je comprenais son choix, c'était normal. Dorea ne semblait pas non plus prête à suivre ce type. Quoi de plus normal, après tout. En règle générale, je n'aurais pas non plus suivi un type, qui ouvre un portail à son gré n'importe où. J'avais déjà eu vent de ce genre de "don", il y a quelque temps. Cependant, jamais je ne l'avais vu en pratique jusqu'à aujourd'hui.
Mais étrangement, quelque chose en Ace m'intriguait. Je voulais en savoir plus, et lui aussi semblait s'être blessé. Et d'un autre côté, je ne pouvais pas non plus être transportée par Sepia. Je n'avais pas assez de forces pour marcher, et pour résister à une montée pareille, je le sentais bien.

Mon corps s'apprêtait à lâcher. Malgré tout, je gardais un air neutre, une voix et une posture contrôlée devant Sepia pour ne pas l'inquiéter d'avantage. Je rangeais lentement mon sabre dans son fourreau, je le nettoyerais plus tard. Je remis un peu d'ordre dans mes vêtements, avant de redresser légèrement la tête vers Sepia.

- Ecoute, j'ai une idée... Tu vas aller au Centre Commercial seule, je te rejoindrais plus tard quand je me serais soignée. Ne t'inquiète pas pour moi, je sais me défendre, et je n'ai pas assez de forces pour supporter le voyage jusque là-bas, ni pour escalader la paroi avec vous. Dorea et Prisme sont débrouillardes, tu n'as rien à craindre. Et pour ce qui est de votre protection et du chemin...

Je glissai mon sac sur mon bras, et fouillai dedans pour récupérer une PokéBall. Malheureusement, j'y étais allée de façon trop brusque, puisque la lanière glissa jusqu'à mon avant-bras, s'appuyant sans retenue sur ma plaie, qui saignait encore malgré mon bandage improvisé. Je grimaçai de douleur, me mordant la lèvre, avant de glisser à nouveau mon sac sur mon dos. Je tendis ma Pokéball. Aquene y jaillit instantannément. Face à Dorea, Sepia et Prisme, son regard inquisiteur et surpris se dirigea alors vers moi. Il ouvrit de grands yeux en voyant mon état. Je lui lançai un regard lourd de sous-entendus, pour qu'il ne dise rien de plus, avant de me pencher légèrement vers lui.

- Aquene, j'aimerais que tu accompagnes Sepia, et surtout que tu la surveilles elle et Dorea. Elles vont sortir d'ici en utilisant le fil tracé par Prisme. Moi, je vais passer par ce... "portail". On se rejoindra au Centre Commercial plus tard. D'accord ?

Il sembla, de prime abord, contre mon idée. Mais après un instant de réflexion, il tourna la tête vers Dorea, et poussa un léger soupir à mon intention. Il comprenait pourquoi j'agissai ainsi. Je n'avais pas envie de laisser Sepia livrée à elle-même dans cet endroit. Je ne serais qu'un handicap pour eux si je les accompagnais, et Aquene pourrait les défendre parfaitement. Malgré tout, il semblait hésitant à me laisser toute seule. Je lui adressai un sourire confiant, avant que Tadi ne fasse de même en sa direction. Le message était passé. Il veillerait sur moi, il n'avait aucune crainte à avoir.
Aquene hocha la tête, et avant de se diriger vers Dorea, il m'adressa un sourire et se rapprocha de moi. Je passai ma main sur sa tête, un peu triste de me séparer de lui. Mais je le retrouverais plus tard, malgré tout. Je me séparai de lui, tandis qu'il restait figé, le regard braqué en ma direction. Je fis un petit signe de main à Sepia, un sourire en coin sur les lèvres.

- A plus tard. Et évite de me faire des bêtises ! Si je retrouve Aquene dans un sale état, tu passeras un sale quart d'heure.

Je tournai les talons, sans laisser le temps à Sepia de répondre, contrôlant ma marche du mieux que je pouvais. Ma cheville me faisait atrocement souffrir, et il n'en fallait pas plus pour que je m'écroule au sol. J'espérais que Sepia, dans la pénombre, ne distinguerais pas l'état de mes blessures. Je réussis néanmoins à garder une marche contrôlée, soutenue par Tadi, qui s'était glissé sans que je m'y attende sous mon bras valide. Il m'adressa un regard triste, sans doute à la vue de mon état, et joua le rôle de béquille jusqu'à atteindre le portail crée par Ace. Je restai un instant en suspens, comme déconnectée de la réalité. Sepia avait trouvé un bon terme. Ce portail me faisait penser à un trou noir. Une étrange aura s'en dégageait, noire, chargée d'une énergie sombre et inconnue. Où me mènerait-il ? Aucune idée. Mais je n'avais pas le choix, c'était là mon seul échappatoire pour sortir d'ici. Quelque chose d'autre me guidait également. La curiosité, sans doute. Le regard que j'avais échangé avec Ace, et sa façon de me fixer, piquait ma curiosité. Comme si j'avais un lien, aussi fragile et fin qu'un fil, avec lui.

Il n'en fallu pas plus pour me convaincre. L'adrénaline, l'envie de sortir d'ici. Assaillie par une odeur de sang et de mort, je tournai la tête sur le côté, gardant mon regard figé sur le cadavre d'une jeune femme. Une humaine passée à l'état de cannibale. Cette grotte aura au moins été son tombeau. J'étais persuadée que nous avions rendu service à ses gens. En arriver à ce stade de monstre était pour moi, bien pire que la mort.

La douleur m'assaillait à nouveau. Celle de ma chute, et mes deux morsures. Le regard trouble, je commençai à perdre pied avec la réalité. Tadi engagea alors sa tête dans cette étrange porte. Il n'eut rien. Il ressortit la tête et me fixa d'un regard confiant, sûr de lui. Inutile de parler. Les mots étaient remplacés par un échange de regard entre mon meilleur ami et moi.

Nous tournâmes tous les deux la tête vers le portail. Soutenue par Tadi, ce dernier s'engagea en premier. Je le suivis en même temps, me sentant happée par cette porte irréelle, avant de me sentir totalement déconnectée de l'espace et du temps.

Où allais-je atterir ?
Je n'allais sans doute pas tarder à le savoir.

Après le départ d’Hétalia, le portail resta-là, à me narguer, telle une énorme bouche béante qui n’attendait qu’une chose : se refermer sur moi, m’engloutir toute entière. Il semblait attendre ma décision, mais elle était toute prise. Je jetai un œil à Prisme qui remontait le long de son fil. Oui, elle était prise. A cette pensée, le passage qui menait vers un lieu mystérieux s’évanouit, à notre surprise à tous.

- Bon, eh bien, dis-je pour ramener le groupe dans le présent. Il faut qu’on monte. Aquene, ne m’en veux pas, mais je vais d’abord monter avec Dorea. Au moindre problème, tu m’appelles !

Il approuva ma décision. Nous savions tous les deux qu’il était plus judicieux de remonter d’abord Dorea, qui en cas de danger, n’aurait pu alerter personne. Ce qui aurait été un souci pour elle en premier lieu, puis pour l’équipe dans sa totalité.
Je hissai la renarde sur mes épaules et montai, non sans mal, à la tresse étrange qu’avait tissée Prisme. Heureusement, la sécrétion était légèrement collante. Inutile de préciser que, n’étant pas très sportive, la tâche aurait été bien plus compliquée, voire impossible, s’il s’était agit d’une simple corde en chanvre. Je déposai Dorea aux côtés de la chenille avant de me laisser glisser pour rejoindre Aquene en bas.

- A ton tour mon joli !

La seconde épreuve fût plus délicate : Aquene était non seulement plus lourd, mais aussi plus grand que Dorea. La renarde n’avait été pour moi qu’un petit poids supplémentaire, comme un sac que j’aurais trop rempli. Mais le Feunard rendait mes prises plus maladroites. Aussi plusieurs fois, nous avions manqué de retourner au point de départ, mais Aquene avait eu le bon sens de planter ses crocs dans le cordage d’infortune, freinant notre descendante à temps pour que je puisse reprendre l’escalade. J’atteignais le haut le plus rapidement possible cependant, après avoir remarqué les endroits où le fil était effiloché, là où Aquene l'avait mordu, menaçant de céder sous notre poids, nous promettant une nouvelle chute de plusieurs mètres.

- Bien, ça, c’est fait. Aquene, Dorea, vous êtes dès à présent nos guides !

Un hurlement rauque attira mon attention. Je me baissais un peu vers le trou, qui se trouvait un peu plus tôt au-dessus de nos têtes et qui était à présent à mes pieds. Je croisais le regard d’une de ces créatures qui nous avaient attaqués un peu plus tôt, une paire d’yeux injectée de sang mêlé à une touche de folie. Un dosage et une recette que je jugeais mauvais. Elle avait compris que ces congénères avaient passé un mauvais quart d’heure. Un très long mauvais quart d’heure. Et les seuls coupables encore présents - bien que je ne me sente pas concernée le moins du monde, puisque j’avais perdu connaissance - étaient là-haut.

- Dorea, brûle la corde, maintenant.

A mesure que le feu longeait le fil, le sous-sol apparaissait à la lueur des flammes, dévoilant les cadavres mutilés gisant sur le sol nappé de sang. Mon regard pourpre fut parcouru d’une étincelle de malice, un éclair d’espoir, alors qu’un sourire victorieux illuminait mon visage, contrastant avec la fureur que je pouvais lire sur le visage de ce qui semblait être une femme.

- Attrape-nous si tu le peux, lançai-je avec défi, avant de prendre Prisme pour la ranger sur mon épaule et de saisir Dorea que je serrai contre moi. Aquene, suis-nous ! Prisme, lance  Sécrétion sur les parois : des fils bien droits. Dorea, lorsqu’elle passe au côté opposé, mets-y le feu.

Bientôt, nous marchâmes guidés par une rampe enflammée qui nous réchauffait un peu. Je savais qu’Aquene restait sur le qui-vive. La vision d’Hétalia, gravement blessée, était imprimée dans son esprit. Et dans le mien. Les cris étranges de ces créatures, que je me refusais de considérer comme humaines, me hantaient. Je sursautais parfois, persuadée de les avoir entendus de nouveau. Ils étaient encore là. Tapis. Quelque part. J’en étais certaine…
Nous arrivâmes enfin à une salle immense, bien plus grande que les précédentes, surplombée de ce qui ressemblait à un immense lustre naturel. La glace, partant du plafond, se ramifiait avant de s’étendre en une masse ovale de grande taille. Je demandais à Aquene de couper ce cordon gelé pour en faire tomber la grande goutte glacée. Il chercha un soutient auprès de Dorea qui ne comprenait pas non plus où je voulais en venir, mais hocha la tête. Pendant qu’il s’afférait à la tâche, en restant éloignée du centre de la cave, je m’avançais vers l’unique tunnel qui s’offrait à nous. La chute de glace fit légèrement trembler l'antre. Mon cœur se souleva en entendant ce qui semblait être des pas précipités.

- Dorea, Aquene, combinez vos efforts pour nous faire un joli petit traîneau de… un peu moins d’un mètre cinquante de large. En hauteur, soixante… soixante-dix devrait suffire.

Le couloir de glace n’était pas très haut, mais peu importe. Je ne comptais pas rester debout. Finalement, mon traîneau pris plus la forme d’un grossier bobsleigh, qui remplissait tout de mêmes les conditions mentionnées plus tôt.

- Prisme, écoute, demandai-je à le chenille que je posais près de l’ouverture. Tisse un lien solide qui va d’un côté à l’autre du tunnel. On arrive tout de suite, fais vite !

Je courrais vers mes amis à quatre pattes et examinais rapidement leur travail. Je les invitai à monter sur la plate-forme taillée. Aquene questionna Dorea du regard, puis grimpa avant elle pour la rassurer. Moins convaincue, elle sauta à ses côtés et se lova entre ses pattes.

- Aurais-tu peur Dorea ? me moquai-je un peu. Tu vas voir…

Je poussais légèrement notre nouveau moyen de locomotion, jusqu’à ce qu’il prenne seul de la vitesse grâce à une légère pente. Mais au contact du fil tissé par Prisme, il s’immobilisa. Je pris place, assise aux côtés des renards. Nous prenions une petite pause pour gérer la nouvelle organisation. Finalement, Aquene s’allongea sur mes jambes, Dorea serrée contre lui, alors que Prisme se cramponnait à mon épaule. Un cri retenti. Aigu, froid, inquiétant.

- Dorea, Flammèche.

La petite flamme courut le long de la sécrétion, dansa devant nos yeux, avant que nous sentions le « traîneau » partir en avant. Il prit rapidement de la vitesse. Aquene lançait parfois une petite boule de feu dans la pénombre pour éclairer notre chemin. Prisme gérait la direction comme je lui demandais : en sécrétant des fils contre les murs pour attirer le morceau de glace dans telle ou telle direction. Dorea était notre petit radar personnel : elle pointait du museau la direction la plus sûre, en fonction de ce qu’elle sentait : odeur, vent, pressentiment. Parfois, elle cherchait l’approbation d’Aquene. Mon rôle était uniquement de maintenir la stabilité de du bobsleigh nouvelle génération et donner à Prisme le choix des renards en version orale.

- Prisme, à droite toute !

La grotte semblait plutôt plane. A une seule occasion, Aquene et moi dûmes pousser le traîneau dans une côte plutôt raide. La dernière ligne droite fut la plus amusante. Nous filions si vite que les boules de feu d’Aquene menaçaient de nous revenir comme des boomerangs. Quand soudain, un jet de lumière jaillit devant nos yeux.

- Prisme, au cas-où Sécrét-

Quelque chose venait de me percuter en plein visage, étouffant mon cri de douleur, alors que la chenille se préparait à la sortie en plein jour. Elle avait elle aussi vu les plaines en contrebas. Nous étions dont en altitude... Le carré de glace, usé par le trajet rapide et le frottement contre le sol mi-glace mi-roche, termina sa course en contrebas, dans un léger fracas. J’avais eu le temps de saisir la corde tissée en hâte par la chenille, qu'elle avait glissé dans ma main avant de remonter, Aquene s’était jeté sur moi, Dorea dans sa gueule. Nous étions à présent suspendus dans le vide, le long d’un fil qui descendait doucement vers la terre ferme. Une terre sèche, d’où s’échappait de petites touffes d’herbes. L’extérieur. Il craqua un peu trop tôt, nous précipitant sur une chute de quelques centimètres. Rien de grave cette fois !
Alors qu’Aquene reposait Dorea et vérifiait qu’elle allait bien, je retirai de ma figure ce qui m’obstruait la vue depuis une courte minute.

- Stal ?
- Plait-il ?
- Gamin…
- …Non mais, je t’en prie ! De quel droit tu m’insultes, toi ?!

Enfin, Prisme se posa en douceur sur mon épaule et recracha l’extrémité de la ficelle qu'elle avait lancé en sentant la première céder sous nos poids cumulés. Je reposais le truc qui m’avait gênée par terre et entamait le nouveau trajet à parcourir, intitulé: « Grotte vers Ville ». Je balançais mes bras en chantonnant, libérée, délivrée de cette tombe sinistre qu’était cette grotte de glace. Splendeur de Cristal ! Tu parles ! Horreur de Cristal, oui !

- Et maintenant, direction le Centre Pokémon !

Aquene marchait noblement à mes côtés, et prit bientôt la tête du cortège imité par Dorea qui semblait vouloir absorber tout ce que possédait le Feunard. Il fallait avouer que sa majesté naturelle aurait rendu jaloux plus d’un.

De son côté, le Stalgamin, ou plutôt « la », puisqu’il s’agissait d’une demoiselle, relevait la tête vers la cavité rocheuse, quelques mètres plus haut : impossible de remonter. Puisqu’elle ne pouvait pas rentrer chez elle, elle décida de suivre Sepia. La jeune fille sentait bon le miel. Et elle adorait le miel…